L’auto-administration kurde au Rojava, en Syrie : présent et avenir

L’auto-administration kurde au Rojava, en Syrie : présent et avenir

La Syrie reste aujourd’hui prisonnière d’un cycle de violence et d’oppression qui a débuté avec le changement de régime en Iran en 1979. Soutenue par des milices et des groupes extrémistes, la Syrie subit des invasions, la tyrannie et des conflits sans fin. Le processus d’Astana a livré la Syrie à des puissances étrangères, alimentant les guerres par procuration et permettant à la Turquie d’occuper le nord du pays, ce qui a déplacé des millions de personnes et aggravé les divisions. Au milieu de cette tourmente, l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES), dirigée par les Kurdes, représente le dernier espoir d’une Syrie démocratique. La résistance du Rojava continue de défier les occupations étrangères et les menaces extrémistes, offrant un puissant modèle de liberté et d’autonomie dans une région déchirée par la guerre.

L'auto-administration kurde au Rojava, en Syrie : présent et avenir

Partager la publication

Abbas Mansouran

La Syrie d’aujourd’hui marque la continuation du sombre chapitre qui a commencé avec le changement de régime en Iran en 1979. Une nouvelle ère d’oppression s’est ouverte sur la Syrie.

Un chapitre sombre de l’histoire de la Syrie continue

Avec la mobilisation de divers groupes extrémistes – dont les milices soutenues par la Turquie, l’EI et Al-Qaïda – ainsi que le soutien de certaines puissances régionales, la Syrie est tombée aux mains d’un nouveau régime tyrannique. Ce n’est pas un changement de régime mais plutôt une invasion qui définit la situation critique de la Syrie.

L’oligarchie d’Assad, en collusion avec le régime islamique iranien et la Russie, a imposé une dictature brutale au peuple syrien. La répression de la dissidence, l’utilisation d’armes chimiques et la violence aveugle du régime ont laissé la population piégée dans un cycle de misère implacable.

Double tyrannie et occupation turque

Aujourd’hui, la tyrannie des oligarques d’Assad s’étend à la domination soutenue par la Turquie, et une nouvelle vague d’oppression a émergé. Les milices turques, soutenues financièrement et politiquement par le Qatar, ont pillé les régions autonomes, volant du bétail, du blé et du pain dans des villages déjà pauvres. Cette occupation crée un espoir passager et trompeur pour ceux qui ont oublié leur mémoire historique, corrompue par des décennies de tyrannie sous Hafez et Bachar el-Assad.

Au Rojava, un modèle de conscience historique et d’autogestion a émergé, représentant une résistance contre les oppresseurs tant étrangers qu’intérieurs. Pourtant, cette résistance reste aliénée et invisible au milieu du chaos, de la guerre et de la propagande incessante en Syrie.

Les Syriens, à l’image de l’Iran en 1978 ou de l’Afghanistan, sont-ils en train de capituler devant les compromis imposés par les forces capitalistes mondiales ? Cette question résonne dans les rues occupées de Damas, où l’idéologie extrémiste domine désormais les chaires, ramenant symboliquement la Syrie à l’époque des califats omeyyade et abbasside.

Trahison de la Syrie : le processus d’Astana

La situation actuelle en Syrie est le résultat direct du processus d’Astana, organisé en décembre 2016 entre la Russie, la Turquie et l’Iran. Ce processus a effectivement livré la Syrie à des puissances étrangères, ouvrant la voie à une guerre par procuration dévastatrice.

Sous couvert de lutte contre le terrorisme, la Turquie a exploité la situation pour étendre ses ambitions territoriales, occupant de vastes zones du nord de la Syrie. Cette occupation a provoqué le déplacement de millions de Syriens et aggravé les divisions sectaires.

Pendant ce temps, des groupes extrémistes comme l’EI et Al-Qaïda, soutenus par divers acteurs étrangers, commettent des crimes odieux : massacres, nettoyage ethnique et destruction du patrimoine culturel. Les Syriens, qui aspiraient autrefois à la démocratie, vivent aujourd’hui dans un état de choc et d’occupation.

Symbolisme historique de la mosquée des Omeyyades

La mosquée des Omeyyades, où Muawiyah, gouverneur de Syrie il y a 1 400 ans, rivalisait avec Ali, le quatrième calife, est redevenue un haut lieu de l’idéologie extrémiste. Les forces soutenues par la Turquie et les groupes affiliés à Al-Qaïda ont rétabli leur domination à Damas. Autre tournant historique : Abu Muhammad al-Julani, ancien assistant du chef de l’EI Abu Bakr al-Baghdadi, apparaît désormais comme un acteur clé sous le patronage turc.

Réunion de Doha : échos de la Guadeloupe

La conférence de Doha de novembre 2024 a fait écho à la tristement célèbre conférence de Guadeloupe de 1978, au cours de laquelle les puissances mondiales ont façonné le destin de l’Iran. De même, le processus d’Astana et les négociations régionales qui ont suivi ont renforcé le pouvoir d’Assad tout en permettant à la Turquie de poursuivre ses ambitions néo-ottomanes en Syrie.

Le peuple syrien est aujourd’hui confronté à de nouveaux monstres, nationaux et étrangers, introduits par des forces mandatées par la Turquie. Les ambitions de la Turquie sont encore renforcées par la résurrection du symbolisme ottoman, comme la réinhumation de la dépouille de Soliman le Chah.

Remodeler le Moyen-Orient

Le paysage géopolitique du Moyen-Orient a été fondamentalement modifié. Le démantèlement du Croissant chiite iranien a coûté des sommes colossales : plus de trente milliards de dollars, des centaines de milliers de vies perdues et des millions de déplacés. Des armes chimiques, notamment du chlore et du gaz sarin, ont été utilisées par les forces russes et iraniennes, laissant la Syrie en miettes.

L’islam politique turc, soutenu par des financements qataris, affirme désormais sa domination dans le nord de la Syrie. Tout comme le khomeinisme iranien a remodelé la région il y a plusieurs décennies, les ambitions idéologiques de la Turquie menacent d’imposer une nouvelle transformation violente.

Idlib : un bastion soutenu par la Turquie

L’émirat d’Idlib, sous occupation turque et établi en 2017, était initialement destiné à servir de zone tampon, mais il est depuis devenu une plaque tournante pour les forces djihadistes. Les factions soutenues par la Turquie proposent des salaires plus élevés et une gouvernance plus efficace pour attirer le soutien local, renforçant ainsi leur influence.

L’ascension d’Abou Muhammad al-Julani reflète une stratégie plus large de la Turquie, qui consiste à consolider les idéologies extrémistes au sein d’entités politiques organisées comme l’Armée de libération syrienne (Tahrir al-Sham ou HTS). Cette convergence du djihadisme et de l’islam politique soutenu par la Turquie souligne le programme néo-ottoman de la Turquie.

La politique expansionniste brutale de la Turquie

Les déclarations du ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, révèlent la politique agressive du gouvernement envers l’auto-administration kurde du Rojava. Les exigences de la Turquie concernant le désarmement des forces kurdes et le départ des dirigeants kurdes syriens visent à démanteler l’autonomie kurde, une société qui défend plus de quatre millions de personnes.

Cette politique fait écho à une mentalité fasciste ancrée dans la domination et la répression. Pour la Turquie, éradiquer l’autogestion kurde reste un objectif stratégique, tant en Syrie que dans ses propres régions frontalières.

Lutte révolutionnaire pour l’avenir de la Syrie

Dans ce climat d’occupation étrangère, de guerre par procuration et de résurgence de l’extrémisme, la lutte pour l’autogestion par les Kurdes reste cruciale. Le peuple kurde, aux côtés de ses partisans internationalistes, représente le dernier espoir d’une Syrie pluraliste et démocratique.

Alors que l’EI donne la priorité à la destruction de l’autonomie kurde, des millions de Kurdes et leurs alliés dans le monde entier restent déterminés à résister. Cette lutte révolutionnaire pour la vie, la liberté et l’auto-administration constitue la seule alternative viable à la violence imposée par les forces extrémistes et d’occupation.

Le Dr Abbas Mansouran est un épidémiologiste d’origine iranienne basé en Suède. Il est spécialisé dans les brûlures, ayant beaucoup travaillé dans ce domaine pendant la guerre en Irak dans les années 1980. Mansouran a également mené des recherches indépendantes dans le nord et l’est de la Syrie, enquêtant sur les installations médicales et en prodiguant des soins aux blessés, dans un contexte d’allégations d’utilisation d’armes chimiques par la Turquie.

About admin

Check Also

Fermetures d’entreprises et licenciements: ce combat doit devenir celui de tous! – Nathalie Arthaud

Que nous soyons ouvriers, employés, salariés du public ou du privé, le gouvernement et le …

دیدگاهتان را بنویسید

نشانی ایمیل شما منتشر نخواهد شد. بخش‌های موردنیاز علامت‌گذاری شده‌اند *